Quand on redécouvre la nécessité de compartimenter
#3ème lettre / Premier principe de résilience d'entreprise illustré par l'actualité et avec des premiers outils pour vous permettre de l'appliquer.
Merci pour vos retours par messages privés ou via Linkedin sur la lettre de la semaine dernière. Vous êtes de plus en plus nombreux et nombreuses sur Substack mais ça reste difficile de déloger la plupart de Linkedin… l’occasion pour moi d’évoquer une de nos dépendances clés ainsi que de présenter le 1er levier de MODRAC.
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Si tu as moins de 20 secondes…
La plupart d’entre nous ne se préoccupe pas vraiment des origines ou des conséquences de telle ou telle décision dans une entreprise. Dans un monde de plus en plus contraint, cela peut amener à de très désagréables surprises.
L’idée de cette lettre est de vous donner le 1er levier de la résilience d’entreprise : la modularité ou comment éviter les effets domino. Illustration avec notre dépendance au GAFAM.
Si tu as 5 minutes…
Je ne sais pas pour vous mais, avec le retour de Trump au pouvoir, je fais encore plus attention aux outils numériques que nous utilisons chez Circulab. Comme beaucoup tout le monde, nous utilisons des outils des GAFAM. Souvent par confort, les outils sont fiables et les interfaces bien désignées, l’idée de ces outils est quand même de nous permettre de gagner en qualité ou même du temps… mais dans un contexte aussi incertain, le choix est-il vraiment judicieux ?
Cette nouvelle lettre va me permettre d’introduire un des 5 principes clés de la résilience d’entreprise que nous appliquons chez Circulab. Ces 5 principes se résument dans le mot MODRAC. Pour les footeux, on peut parler de Luka MODRIC, vous verrez que ça marche aussi. Vous pouvez les découvrir et les appliquer dans la formation introductive Comprendre la résilience d’entreprise qui vous est aussi offerte en vous abonnant à cette newsletter.
Considérez MODRAC comme une grille de lecture bien utile dans vos prises de décision. En effet, nous avons tous été formés à développer des activités, à utiliser des ressources ou outils sans se poser la question des tenants et aboutissants. Dans un monde instable, ce luxe n’existera plus.
Dans cette édition, je souhaite illustrer le principe de modularité, le MO de MODRAC, avec un cas d’actualité très concret pour à peu près toutes les entreprises françaises, quelle que soit leur taille : leur dépendance numérique.
« Je te partage le PowerPoint sur Zoom ou via Slack ? »
Que ce soit une multinationale leader mondial de son secteur ou bien une simple TPE, j’ai beaucoup de mes clients qui utilisent soit
la suite Google ou bien Microsoft pour réaliser des présentations, gérer les calendriers ou stocker des documents.
La creative suite d’Adobe ou encore Figma pour les vidéos ou leurs images
Slack ou Teams pour leurs échanges internes
Salesforce ou Hubspot pour leur CRM
Amazon Web Service pour leur hébergement
Zoom, Google Meet ou Microsoft Teams pour leurs visio
OpenAI (ChatGPT) ou Claude pour l’IA générative…
J’en oublie encore beaucoup d’autres mais disons que ces solutions logicielles sont connues de tout bon professionnel français en 2025. À tel point que ces noms deviennent parfois des noms aussi communs qu'un frigo ou un Kleenex…
Même si j’étais toujours embêté par ces outils, j’avais supprimé mon compte Google en 2012. Moins de 2 ans plus tard, j’ai fini par me recréer un compte Google. Difficile d’expliquer à chacun de mes contacts que je n’utilise pas Google pour des raisons de confidentialité ou encore que je ne souhaite pas que l’état américain ait accès à mes données. J’avais fini par m’y résoudre…
Personne ne peut s’en passer aujourd’hui
Depuis janvier 2025, le contexte a changé. Le mandat Trump 2 ouvre très clairement des scenarii jusqu’à présent considérés fantasques. Et si les droits de douane sur les services numériques étaient augmentés de 50% ? Et si pendant des négociations, Trump décidait d’un black out numérique pour ses « amis européens » ? Et si les câbles sous-marins nous reliant aux Etats-Unis étaient coupés ?
Sommes-nous prêts à nous passer de ces outils ? Non, bien entendu. Pourtant, les hôpitaux français, la SNCF ou même encore l’armée ne peuvent faire sans. Il en est de même pour la très grande majorité des PME françaises.
Passer des grosses usines opaques aux petits modules fonctionnels
Octave Klaba, le fondateur d’OVH, hébergeur français de données, 1 milliard d’euros de CA par an, expliquait récemment comment il avait cloisonné ses activités américaines. Entre le Cloud Act ou l’American Digital Act, le gouvernement états-unien est en mesure d’accéder aux données hébergées d'une entreprise si elles sont hébergées sur son sol ou via une entreprise américaine peu importe la localisation du serveur dans le monde. C’est précisément ce que chacun et chacune doit faire désormais : apprendre à cloisonner.
Cela ne vaut pas seulement pour le numérique mais pour toutes les dépendances de l’entreprise. D’où provient tel ou tel service ou produit ou composant ? Pouvez-vous faire sans ? Quelles dépendances cela créé ? Provient-il d’un pays lointain culturellement ou géographiquement ? Quels effets domino pour l’activité en cas de défaut ?
La vision en systèmes commence précisément là. Pour se prémunir du risque et éviter les conséquences en cascades, il faut penser en petites unités fonctionnelles. De cette façon, on peut cloisonner le risque et revenir à l’essentiel : penser en fonction. À quoi sert telle unité ?
La modularité comme levier de votre résilience
Ces unités peuvent évoluer dans le temps, s’imbriquer, se désassembler, être améliorées ou réparées. L’exemple du Fairphone l’illustre bien, de la vis à la batterie, chaque élément remplit une ou plusieurs fonctions, on peut distinguer ces éléments et les remplacer quand l’un fait défaut, sans devoir jeter l’ensemble…
Dans un contexte de raréfaction de l’énergie ou même des matières, cette pensée en modules permet d’utiliser le juste nécessaire aussi bien à la conception qu’à la maintenance. Cela permet la réutilisation, de démultiplier les usages et même de repenser son business model en récupérant ses produits ou composants lorsque les clients n’en ont plus besoin.
Pour améliorer votre adaptabilité…
Repartez des ressources essentielles de votre entreprise, quelles sont ces ressources sans lesquelles votre activité ne peut pas avancer ? Équipes, équipements, outils, structures…
Pour ces ressources essentielles, posez-vous ensuite la question de quoi avons-nous besoin pour qu’elles fonctionnent ? Cela vous donnera votre liste de dépendances.
De cette liste de dépendances, vérifiez :
la fiabilité des flux nécessaires (matières, énergies, informations…) pour cette ressource ?
la provenance de ces flux, est-ce loin géographiquement ou politiquement parlant ?
les tendances de coûts à venir, est-ce que cela peut augmenter/baisser ? De qui ou de quoi dépendent ces coûts ?
si le dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité ou encore la raréfaction de l’eau par exemple ont un impact sur ces flux ?
l’aspect critique des dépendances, quels sont les risques les plus sérieux/probables ? Cela vous permettra de prioriser.
De ces vérifications, vous obtiendrez votre to do list pour réduire vos dépendances et ainsi être plus robuste.
On reviendra dans une autre lettre sur comment réduire ces dépendances mais comme souvent, il faut d’abord bien poser le problème et savoir d’où on part avant d’agir.
Et vous, quelles sont vos dépendances les plus critiques aujourd’hui ?





